2010-04-16 22:22:15

Vers une guerre de religion ?

Paris (AAP) – La notion de religions amies et tolérées du royaume de France pourrait disparaître pour ne mettre en avant que deux principes: l'Aristotélitisme ou l'hérésie. La pairie étudie actuellement l'opportunité de conclure un nouveau concordat avec Rome (ndlr: un concordat règle les dispositions entre une religion et un souverain, ici le très Aristotélicien Roy de France Lévan III).

"Le royaume doit savoir ! Les croyants de France doivent savoir que jamais, au grand jamais, leur Roy n'a donné son accord pour cette... chose, cette insulte à l'ordre établi !"

C'est en ces termes qu'il y a plusieurs semaines la princesse Armoria, grand maître de France, a initié au sein du collège des pairs un débat portant sur la légitimité du concordat actuel, signé par son prédécesseur, Juliano di Juliani, qui vient pourtant de recevoir l'éloge posthume de l'académie royale de France soulignant sa droiture et sa loyauté.

Selon elle, bien qu'il porte sa signature, le "Roy, (…) ignorait, donc, que ce fichu texte était empreint de tolérance, cette même tolérance qui n'est rien d'autre qu'un engrais propice à l'hérésie."

La princesse Armoria a proposé à la pairie un nouveau texte plus intransigeant envers les cultes non-Aristotéliciens. On peut y lire par exemple que "le spinozisme, l’averroïsme, la réforme, sont dites religions infidèles, et ne sont plus tolérées par le Roy sur ses terres (…)" ou que "le précédent concordat a été obtenu du Roy et de l'Eglise par la tromperie d'un seul homme (ndlr: Juliano di Juliani), dont le nom sera honni pour les siècles des siècles, spinozisme, averroïsme, et à présent la réforme, ne sont plus protégées comme religions amies du Royaume".

Cependant, le texte autorise la pratique des autres cultes, dit païens, "de façon privée et personnelle". Les cérémonies, prêches ou prosélytisme publics étant interdit.

Ce concordat ne concernerait pour le moment que le domaine royal mais il invite les autres provinces à "suivre ce pieux exemple". Il faut cependant souligner que les lois en vigueur dans un grand nombre de provinces feront que ce texte sera de facto appliqué.

La majorité des dignitaires présents se sont exprimés sur des points de détails ne semblant pas remettre en cause la nécessité, le contenu et les buts du nouveau texte. Prenant le contre-pied, le primus inter pares Valnor a apporté un avis nuancé soulignant les possibles conséquences politiques jusqu'alors non considérées:

"(…) Pourquoi remettre en cause les religions tolérées ? Si nous partons du principe que le faux a été fait par un seul homme (…) il n'est pas normal de remettre en cause le principe de tolérance religieux (…) Nous allons soulever une levée de boucliers d'une part dans (les autres) confessions mais aussi dans la notre pour qui la tolérance fait partie des préceptes d'Aristote (…)".

Le texte surprend également à Rome. Le cardinal Aaron s'est exprimé en ces termes: "il semble que Paris veuille plus que l'Eglise n'espérait. Plus du tout de religion tolérée donc."

La mise en place d'une politique d'intolérance pourrait mener à terme à la fin des autres religions, à leurs activités publiques et politiques, voire armées en ce qui concerne de récents événements dans le Béarn ou le Toulousain par exemple. L'unité et le pouvoir du Roy ainsi que de Rome se verraient affirmés.

A contrario, l'intolérance religieuse pourrait être dommageable à la couronne, tant pour son image que pour la paix dans le royaume.
D'une part en détournant d'elle une partie des croyants qui n'y reconnaîtraient plus les principes de tolérance de leur foi Aristotélicienne.
Et, d'autre part, en servant de justification aux extrémistes de tous bords pour mener des actions violentes sur fond d'idéologie, semant les troubles dans l'un ou l'autre province voire amorçant une véritable guerre de religions.

Or c'est militairement et politiquement affaiblie que la couronne pourrait commencer une telle guerre suite à certains choix politiques du grand maître de France.

D'abord avec une conséquence directe à une politique d'intolérance: l'argument moral irait aux réactionnaires auxquels adhérerait une frange de la population pourtant modérée. Ensuite avec la guerre de Provence, dont la continuation est nécessaire pour ne pas ternir le prestige de la France tant que la victoire n'est pas remportée, qui immobilise donc des armées à l'étranger et qui ramènera quoiqu'il en soit des soldats fatigués. A cela pourrait s'ajouter la défection de certaines provinces, ordres militaires et hauts personnages d'influence: ceux qui s'étaient senti floués et désavoués lors de la croisade contre Genève (cf articles aap), ceux qui ont vu leur gouvernement élu et légitime déposé sur décision du grand maître de France ou leurs dirigeants historiques désavoués par Paris à l'image du duc du Berry George le Poilu.

Si rien n'est encore décidé, l'ouverture du débat à un plus large cercle politique et religieux pourrait éviter à Paris les conséquences évoquées plus haut et mener à une solution acceptée par tous, tout en resserrant la cohésion des provinces contre l'activisme idéologique violent.

Planchet, pour l'AAP